lundi 30 novembre 2015

Reflex - Maud Mayeras



Quatrième de couverture :

Photographe de l'identité judiciaire, Iris Baudry est discrète, obsessionnelle, déterminée. Disponible nuit et jour, elle shoote en rafales des cadavres pour oublier celui de son fils, sauvagement assassiné onze ans auparavant.
Mais une nouvelle affaire va la ramener au cœur de son cauchemar : dans la ville maudite où son enfant a disparu, un tueur en série s'est mis à sévir. Et sa façon d'écorcher ses victimes en rappelle une autre...
La canicule assèche la ville, détrempe les corps et échauffe les esprits, les monstres se révèlent et le brasier qu'Iris croyait éteint va s'enflammer à nouveau dans l'objectif de son reflex.

Mon avis :

Reflex ou comment un achat compulsif sans grand intérêt se retrouve dans ma liste non exhaustive des thrillers percutants.

Lire Reflex c'est un peu comme redécouvrir le pourquoi de notre amour pour les thrillers. Le frisson d'un suspens bien ficelé, l'attachement à des personnages concrets, un tueur qui est dézingué du pompon et une histoire qui tient la route. Le tout agrémenté d'un style acéré et efficace qui pousse le lecteur a finir le bouquin au plus vite.
Il faut dire que Reflex est un peu particulier. En plus de la trame de fond qu'est l'histoire d'Iris Baudry, on a le droit à des flashbacks qui commencent à partir de 1945 (si mes souvenirs sont bons) et qui remontent progressivement jusqu'à nos jours. Ces flashbacks nous aiguillonnent au fur et à mesure de la lecture sur l'identité du tueur. Alors certes, on voit de très loin où la chose veut aller, mais ça n'enlève absolument rien au charme de l'œuvre, bien au contraire. 

Et quel charme.

Iris Baudry est un personnage attachant. La narration à la première personne du singulier et au présent y est pour beaucoup il faut l'avouer. Iris est une mère endeuillée, brisée par le meurtre de son fils et qui continue à voir la mort chaque jour au travers de son boulot. Son rapport à la photo est décrit avec beauté et poésie. C'est prenant, c'est poignant et ça sonne juste.

Bref. Ça c'était pour l'analyse intelligente.


Reflex est une claque dans la gueule. Aucun des personnages décrits n'est réellement ce qu'il paraît être. Tu crois que ton personnage est sympa ? Attends de voir les surprises que te réserve Maud Mayeras. Et crois-moi, surprises il y aura.



La maladresse et la vulnérabilité d'Iris la rendent profondément attachante. Profondément attendrissante même. Elle a eu une vie de merde, continue de subir les outrages de la vie et, concrètement, on rêve de tuer tous ceux qui oseraient ne serait-ce que la regarder de traviole. Pour une fois, bye bye le stéréotype de la femme forte que rien ne parvient à émouvoir et bonjour au magnifique exemple d'humanité que nous offre Iris et son parcours.

Et j'ai beau être Satan, il y a des moments où ça me titillait l'artère coronaire tout de même.




En plus de l'histoire, Maud Mayeras accorde beaucoup d'importance aux relations entre les personnages. Qu'il s'agisse de celle entre Iris et sa mère, Iris et son père, Iris et son fils ou encore Iris et son ancienne voisine. Le lecteur se sert d'Iris pour appréhender les gens, les choses et les événements, ce qui donne un tout autre sens à l'immersion dans l'histoire. 
En clair, si Iris déteste quelqu'un ou quelque chose, tu risques de ressentir le besoin intense de le faire disparaître de la surface de la Terre.



Bref. Ce livre est grandiose et vous devez le lire. Ne serait-ce que pour la fin. Parce que si l'histoire ne vous paraîtra pas si extraordinaire que ça, ou si vous êtes convaincus de connaître le dénouement dès les premiers chapitres, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu'à la rate.

La fin est majestueuse et vous forcera à voir le livre sous un nouveau jour. 



Le seul point négatif de ce bouquin (qui n'en est pas vraiment un) c'est qu'Iris Baudry est bègue. Et mon cerveau est, semble-t-il, capable de bégayer en lisant. Donc Amen à moi et à ma capacité d'adaptation extraordinaire.





Ma note :

20/20


lundi 2 novembre 2015

Vampire Story, tome 1 : 13 balles dans la peau - David Wellington






Quatrième de couverture :

Selon les rapports officiels, tous les vampires sont morts. Un agent fédéral nommé Arkeley a trucidé le dernier dans les années 1980 à l'issue d'un combat qui a failli lui coûter la vie. Pourtant, lorsque Laura Caxton, de la police d'État, appelle des renforts en pleine nuit à la suite d'un contrôle de routine qui a mal tourné, le FBI décide de tirer Arkeley de sa retraite. Il est en effet le seul à savoir qu'un vampire a survécu: une femme, qui croupit dans un asile abandonné. Elle est conservée dans un état de faiblesse permanent, mais Arkeley la soupçonne de manigancer le retour en force des damnés. Lui aussi attend ce moment pour en finir une fois pour toutes. Et comme Caxton va vite s'en rendre compte, ils n'affrontent pas des créatures d'opérette, mais de véritables machines à tuer.


Mon avis :

Du gore, du cynique, du sanglant, du monstrueux, du suspens, du dégueulasse...Bref. Du David Wellington en bien mieux que dans sa saga Zombie Story puisque, pour le coup, on arrête le fantasmagorique névrosé et on plonge dans le sérieux et le concret.

Qu'on soit clairs, j'ai adoré Zombie Story. Mais là, l'auteur nous embarque à un tout autre niveau. Et quel niveau.

Adieu les vampires à paillettes qui feraient marrer un fœtus depuis l'utérus de sa mère. Bonjour les vampires terrifiant qui font passer Freddy Krueger pour le mannequin d'une pub de fond de teint. Dans Vampire Story, oublie Dracula, oublie Blade, et surtout, oublie Edward et son poumon crevé. Les vampires dont on parle sont des monstres, des vrais. Ils sont laids, ils sont presque invincibles et surtout, ils bouffent de l'humain comme toi un kinder surprise.



Ca gicle de partout, ça dépèce et démembre à tour de bras (haha) et ça fait passer Hostel ou Saw pour des comédies sentimentales.

Bref. Nous suivons donc Arkeley qui est l'archétype du fédéral bousillé par la vie, qui a passé sa carrière à chasser les vampires et qui est un vrai fils de péripatéticienne quand il s'agit des relations humaines. Arkeley qui est un enfoiré au cynisme percutant et que j'ai adoré du début à la fin.
Arkeley qui, dans les années 80, aurait manifestement tué le dernier vampire on earth mais qui est rappelé 20 ans plus tard en Pennsylvanie, quand un banal contrôle de police tourne en orgie de viande hachée.
Il se retrouve donc à faire équipe avec Laura Caxton, simple policière d'Etat préposée aux contrôles routiers, et qui se coltine le fédéral avec plus ou moins d'enthousiasme. 
Laura Caxton est un personnage particulier. Elle permet de mettre en relief tous les autres personnages (vampires et humains). Elle n'est pas là pour faire office de protagoniste principal mais plutôt de prisme pour les autres personnages. Ses réactions, réflexions, actions servent de références pour tous les autres. On juge, critique, décide par rapport à elle. C'est rafraîchissant puisque le lecteur peut s'immiscer encore plus aisément dans l'histoire. 

Et l'histoire est magique. On oscille entre horreur, fantastique et thriller. Les vampires sont de vrais bêtes, des prédateurs, des machines à tuer mais ils servent un but et chacun des plans qu'ils mettent en place pour l'atteindre, plonge le lecteur dans cette folie barbare, cette sauvagerie extrême. Et on a pas vraiment le temps de s'arrêter pour penser à la trame de fond puisque le rythme est rapide, haletant et on est plongé dans cette course contre la montre en même temps que les personnages.

Tout dans ce livre fonctionne et le décor y est pour beaucoup. Au cœur de la Pennsylvanie, entourés de forêts gigantesques, de vastes espaces, d'usines et d'entrepôts désaffectés, nos personnages sont cernés, d'un côté par les vampires et de l'autre, par des kilomètres d'espaces désertés par les humains.
Dans Vampire Story, on vous détaille par le menu comment les vampires tuent et on se fout que vous vous sentiez à l'aise en lisant. Dans ce livre, les relations humaines n'ont que très peu d'importance, si ce n'est celle entre Arkeley et Caxton. Ce qui nous intéresse ce sont les interactions avec les vampires et savoir si, oui ou non, nos protagonistes principaux vont s'en sortir.

Autre aspect intéressant, Laura Caxton est lesbienne. Et non, on s'en contrecarre qu'elle préfère Kate Beckinsale à Robert Pattinson. Ce qui est intéressant justement c'est que David Wellington n'en fait pas des caisses. Qu'il nous épargne les blagues vaseuses que pourraient faire d'autres personnages. Que Caxton a des problèmes de couples comme n'importe quelle hétéro. Bref. Laura Caxton est lesbienne et on s'en bats les amygdales.



Vampire Story est un vrai livre horrifique dans le sens où on épargne pas le lecteur. Jamais. Les vampires sont des saligauds mais les humains aussi. Et malgré le fait que ces vampires-là soient très loin du glamour boule-à-facettes-disco, on ne peut s'empêcher de comprendre ceux qui veulent devenir comme eux.

Après tout, Hannibal Lecter aussi donne envie de participer à un dîner presque parfait avec pleins de gens. Inconnus. Avec de la sauce roquefort.



Le truc cool aussi dans ce livre, c'est que la Terre entière est au courant de l'existence des vampires. Et pour prouver à quel point l'être humain est passablement idiot, David Wellington nous offre Malverne. Malverne qui est un vampire qu'Arkeley a tenté de tuer dans les années 80 mais qui a survécu. Elle est conservée dans un sanatorium désaffecté, surveillée comme dans une prison et laissée dans un état de faiblesse constant. Pourquoi ? Parce qu'un tribunal a décrété que la tuer dans son état était un meurtre. Pure et simple.



(Ouais elle est déjà morte mais qui s'en soucie ?)

Bref. Premier tome réussi pour cette saga qui promet d'envoyer du pâté et qui m'a réconcilié avec les vampires en littérature.

Merci David Wellington.   


Ma note : 

20/20